Je verrai toujours vos visages

Appuyée sur un grand travail de documentation, Jeanne Herry, après Pupille, s'intéresse au dispositif méconnu de la justice restaurative. Sans choisir l'approche documentaire, le film se nourrit d'une forte dose de réalité pour donner corps à des personnages touchés par cette démarche. Avec un grand talent pour donner vie à des scènes d'action psychologiques, la cinéaste s'appuie également sur un casting dont la diversité nourrit la richesse. En se concentnrant presque exclusivement sur ces temps de rencontre entre des auteurs et des victimes, la cinéaste donne vie à des quasi huis clos dont l'intensité tient beaucoup à la finesse de l'écriture. Loin de tout voyeurisme ou de tout excès de sensibilité, le film emporte le spectateur dans le même chemin que les participants, celui d'une écoute et de paroles encadrées, parfois brutes, souvent fécondes, toujours pertinentes. Pour capter la force de ces rencontres, la caméra s'immisce au plus près des protagonistes. Enfermée avec eux, elle recueille sans intrusion ni effet inutiles les gestes et les mots échangés par un panel de comédiens dont la variété sert à merveille un propos contrasté auxquels la réalisation laisse toute sa place. En conjugant la force d'un sujet à une réalisation soignée, Herry signe un très beau film.