Les Turbulentes, 25 ans de rues joyeuses

La longévité de l'évènement tient autant à la qualité des propositions artistiques qu'à l'implication de l'équipe menée par la passionnée Virginie Foucault au fil d'une programmation partagée et généreuse. Derrière les trois jours de spectacles, le Boulon fourmille de répétitions de rencontres avec des bénévoles impliqués plongeant, au-delà du lieu, tout un territoire dans un élan commun qui culmine aux premiers jours de mai. Pour cette édition anniversaire, toujours ouverte par l'inépuisable Calixte de Nigremont, la ktha compagnie, fidèle de longue date, donne tout au long du week-end 25 solos tirés de On veut (spectacle nourri de mois d'échanges et d'étapes autour de revendications intimes, ordinaires ou rêvées mais toujours partagées) et joués à chaque fois pour 25 spectacteurs dans des lieux et des dispositifs insolites. Autre moment fort, la toute première de La cabane à Plume(s) de la Cie l'Homme Debout, ample périple en trois temps (samedi soir, dimanche matin et soir) autour de l'habitant d'une étrange cabane, de personnages monumentaux et d'un peuple oiseau auquel la population a, là encore, été invitée à participer. Un incontournable qui explore aussi d'autres espaces partagés. Au gré des rues, des places et des impasses de la petite bourgade de Vieux-Condé, les Turbulentes 2023 continuent de conjuguer des spectacles riches de sens : Périkoptô et son regard sur un faits divers tragique, R-P-Z et son regard documenté sur les « gilets jaunes », Ma montagne qui invite à explorer autrement le handicap, le solo Autrement qu'ainsi qui raconte en danse la maldie d'Alzheimer, Trajectoire et son regard sur une histoire familiale au coeur du XX^ème siècle... et des propositions plus poétiques et légères : le duo de Muraïe, les complices de C'est absurde !, l'intimité saisie des équilibres de Rapprochons-nous, l'inventivisté de Bakéké et ses seaux verts ou le voyage des deux créatures d'Obake. Les enfants ne sont pas en reste avec les Tipis de la Cie Mastock et les manèges à promener de la Toupine, parmi les incontournables la Cie Carabosse animera les nuits de vendredi et samedi avec D'arbre en arbre promenade poétique entre lumières, projections et feux. Comme d'habitude, la préparation de son périple permettra de circuler plus facilement d'un spectacle à l'autre pour ne pas manquer non plus le désopilant Je hais les gosses des fidèles de la Cie Internationale Alligator, l'envoûtant Allant Vers de Kiroul, l'inattendu Queen a man ou la joyeuse Apocalypse de Marzouk Machine. Si le rendez-vous a changé de dimension depuis ses débuts, si le Boulon est devenu pôle national des Arts de la Rue, la combinaison d'exigence et d'ouverture qui en fait le sel demeure, garantissant une savoureuse recette cette année encore.