Patate en partance

La modestie, à la Manivelle, on a ça dans le sang. Les années ont beau passer, les spectacles se multiplier, les amitiés se renforcer et les yeux des spectateurs briller toujours autant, François Gérard et sa complice Estelle Derquenne n'en restent pas moins humbles devant le travail accompli par la structure wasquehalienne. Concrétisation d'un parcours entamé voilà trente ans par le metteur en scène François Gérard sur les bancs du lycée, le travail annuel de la Manivelle, défend, entre chances offertes aux jeunes artistes, propositions d'atelier et ouvertures aux jeunes publics (petits et moins petits), une démarche exigeante toujours conduite avec pour seul mot d'ordre celui de la transmission. « Pour la Manivelle, rien de plus normal » ajoute avec humour le metteur en scène.

Avec dans ses bagages Le journal de Grosse Patate, texte de Dominique Richard en forme de journal intime d'une fille de CM2 défendu par une formidable comédienne (Caroline Guyot) et mis en scène avec beaucoup d'acuité et une grosse dose de poésie, la Manivelle, avec ses camarades régionaux, tentera donc de se faire une place au milieu du foisonnement avignonnais. Pour cela, outre le spectacle, l'équipe a prévu de parler, de faire parler du jeune public via des rencontres . Un travail dans lequel la maison wasquehalienne est pionnière (elle héberge et fédère le pôle ressource jeune public au coeur d'un Centre Gérard Philippe rénové, une démarche unique en France) et dont le modèle intéresse beaucoup à travers toute la France. A voir tout cela, on ne croirait pas que l'équipe ne se compose que de 4 permanents. « Pas facile tous les jours surtout avec les perspectives actuelles de baisse généralisée des budgets, mais heureusement nos spectacles tournent, sans cela, ce serait impossible pour nous. ». Il reste donc encore du chemin à faire, en espérant que cette invitation à jouer en Avignon ne soit qu'un prélude à davantage de soutiens.