Anne-Marie Filaire Lever du jour
Anne-Marie Filaire a 25 ans lorsqu’elle rencontre le tireur Yvon Le Marlec dont elle fut l’assistante à Paris de 1987 à 1991. Après son diplôme de technicienne de laboratoire du Crear, elle se dirige sans hésitation vers le tirage d’art. Alors que l’argentique est à son apogée, Le Marlec fait partie de cette caste de tireurs de renoms, auprès de qui les photographes se pressent : Dirk Braeckman, Bernard Plossu, Bettina Rheims, Patrick Zachmann… A l’instar de Philippe Salaün ou Claudine Sudre, Le Marlec sait tirer le meilleur de leurs négatifs.
En 1989, Le Marlec a de grandes ambitions. Cela fait près de 10 ans qu’il a quitté le musée Nicéphore Niépce où il était tireur et qu’il s’est installé à son compte rue de Charonne. Il ambitionne d’apporter sa contribution aux différentes inventions qui ont jalonné l’histoire de la photographie. Avec le chimiste Christophe Bart, il met au point un procédé de révélation photographique à la lumière du jour. Pour faire connaître son invention, Le Marlec met en scène un show spectaculaire sur une composition musicale originale lors de la soirée de clôture des Rencontres d’Arles. Dans le théâtre antique, éclairé par des projecteurs, il révèle une fresque photographique latente, photomontage géant (27 panneaux de 1,10 x 1,10 m) composé d’extraits de chefs d’œuvres de la photographie et de portraits de photographes, de Lewis Carol à Newton, Barbey à Weston... Tel un gourou, tout de blanc vêtu, attirant la lumière, Le Marlec triomphe.
Durant les quelques mois que dure la préparation de la fresque, Anne-Marie Filaire assiste Yvon Le Marlec dans la fabrication de ce photomontage. En dévoilant le quotidien d’un laboratoire de tirages, elle immortalise chaque instant, chaque détail jusqu’à la révélation, le 8 juillet 1989... La photographie reconnaissante.
Publié le 01/10/2021