L'École des maris
« Vous, si vous connaissez des maris loups-garous, envoyez-les au moins à l'école chez nous ». On ne dira jamais assez qu'être classique, c'est être de toutes les époques. Et l'on se passerait volontiers de l'écho si actuel de ces derniers vers de l'École des maris... Deux frères, Sganarelle et Ariste, se voient confier par un père mourant la tutelle de ses filles - Isabelle et Léonor. À eux de les élever, et le moment venu, de « les épouser ou d'en disposer ». À Sganarelle, qui entend mettre le cœur d'Isabelle sous cloche et la marier sans délai, Molière réserve quelques tours à sa façon. Jalousie, désir de possession, aveuglement sur soi et les autres... Autant de ridicules dont les acteurs de La Mandarine Blanche font leur miel. Au fil de cette rocambolesque partie de colin-maillard qu'est l'École des maris, l'équipe emmenée par Alain Batis joue de tous les contrastes : dépouillement et extravagance du jeu, sapes modernes et perruques poudrées, musique électrique ou timbres acoustiques, alexandrins qui se mettent à chanter... Elle lorgne aussi vers un art oublié du théâtre de rue japonais, le kamishibaï, nom d'une scène en réduction où les décors glissent comme de grandes diapositives de bois. Élargi à l'échelle du Théâtre, ce dispositif fournit la trame visuelle changeante d'une pièce où la vérité des uns, n'est pas celle des autres... Mais où l'amour, la seule qui vaille, triomphe de manière éclatante. Une leçon de vie et de théâtre !
Publié le 08/11/2022