Tosca / David Bobée
Un opéra politique sous la baguette dramatique et rigoureuse de Roberto Rizzi Brignoli.
En choisissant pour héroïne une chanteuse adulée, Puccini eu une intuition géniale. Floria Tosca, cantatrice sublime toute dévouée à son art et à son amour prenait ainsi les dimensions d’une icône de l’art du chant déployant autour d’elle l’une des plus fertile mise en abime du genre : sur scène, une chanteuse interprète et chante une chanteuse — qui parfois chante elle-même comme au début de l’acte II — et devient ainsi comme jadis Orphée une métaphore de l’art lyrique lui-même. Au moment où l’opéra allait se voir de plus en plus contesté dans sa domination, il s’auto-célébrait dans un sublime acte d’art et d’amour. « Vissi d’arte » : la portée émotionnelle immense de ces quelques mesures devenues mythiques doit tout autant à sa situation dramatique — un des rares vrais moments d’introspection de l’œuvre — qu’à cette façon de refléter en elle comme en une anamorphose l’opéra lui-même et tous les sortilèges de la voix.
Publié le 20/01/2021