Cités envoûtées

Risible l'ANPU ? À voir le nombre de psychanalyses urbaines qu'elle a déjà été amenée à conduire (Tours, Rouen, Béthune, Vierzon, Elsenor au Danemark, Helsingborg en Suède et bien d'autres), on ne peut qu'être convaincu de l'importance de la mission que s'est confiée l'agence dirigée par Laurent Petit. Dans le sillage de son charismatique directeur, il ne s'agit de rien de moins que de réveiller les consciences, étudier les territoires pour proposer des solutions pour une vie meilleure, notamment basée sur des interventions urbaines, des installations in situ et surtout une bonne dose de décalage, d'humour et de fantaisie.

À chaque ville son Traitement Radical Urbain (TRU) qui donne souvent lieu à un rendu sous forme de conférence brindezingue menée tambour battant par un Laurent Petit parfait en professeur Nimbus adepte des néologismes farcesques. Ce que compile cette exposition, c'est un peu tout le savoir-faire accumulé par l'ANPU depuis ses débuts. De quoi permettre au visiteur de flâner parmi les trouvailles architecturales, urbaines et langagières d'une équipe animée autant par la dérision que par un véritable regard sur les villes et les questions de leur évolution. Des questions que posent de manière plus frontale encore l'installation du sous-sol offrant au regard une « ville flaque », archétype de la mégalopole sans âme pour laquelle l'équipe de l'ANPU prend soin de proposer de nombreuses solutions aussi joyeuses qu'inédites et parfois pertinentes (au moins dans leur démarche). À déambuler, dans cette moderne foire urbaine, outre les sourires nombreux que les acronymes inventifs des zigotos de cette drôle d'agence provoquent, se dessine une volonté de penser la ville sous un jour festif tout en invitant à de réelles réflexions sur leur devenir et leur organisation.