Ce que le jour doit à la nuit, c’est le titre d’un roman de Yasmina Khadra, c’est aussi pour Hervé Koubi l’image de ce que contiennent en filigrane les parcours des individus, leur part d’inconnu, le passé resté dans l’ombre. Les parties ombragées du chemin qui nous mène là où l’on nait, là où l’on est. Ce sont ces parcelles-ci qu’Hervé Koubi, jeune chorégraphe d’origine algérienne, né à Cannes, tente de reconstituer pour lui-même et les autres. Retourner à la source, l’Algérie, terre natale de ses parents, retrouver les traces de ses ancêtres, en inscrire de nouvelles tout au long de la route.

La notion de trace, Hervé l’explore depuis plusieurs années, la trace écrite, puisqu’il a déjà adapté les auteures Chantal Thomas ou Marie Darrieussecq, et qu’il se tourne aujourd’hui vers l’algérienne Khadra. La trace dansée bien sûr, et plus généralement celle du corps et du mouvement dans l’espace. Ici, ce sont onze danseurs, onze corps qui portent les souvenirs d’Hervé Koubi et de ses parents, leur mémoire, leur petite histoire inscrite dans la Grande. Onze algériens, issus du hip-hop et de la capoeira, qui se glissent avec aisance dans une pratique sanguine de la danse contemporaine et retracent sur la scène les liens que le chorégraphe souhaite explorer. « Des liens à retrouver, d’autres à renouer et encore d’autres à construire ».