Février entre dans la danse

On saute à pieds joints dans une programmation riche et iconoclaste dont le maître mot est l’ambition. C’est ce qui caractérise le projet d’Olivia Grandville Une semaine d’Art en Avignon, qui propose de nous faire parcourir, le temps d’un spectacle, l’histoire du festival d’Avignon. Pas moins de 70 ans de création, et un hommage tendre et assumé à sa mère,  Léone Nogarède, actrice qui foula les planches de l’illustre cité théâtrale lors de sa première édition en 1947, et ébranlera celles du théâtre des quatre saisons le 21 février. Non moins exigeante est la proposition de la compagnie France en Scène, Passion Tango, qui, comme son nom l’indique, rend un hommage amoureux au maître argentin du Tango, Astor Piazolla. Non sans commettre quelques incartades avec la version espagnole de cette musique brulante et même l’excentrique jazz-tango. Une mise en scène hors norme, une rythmique imparable marquée par les pas fougueux des danseurs Victoria Vieyria et Jorge Rodriguez… Coup de foudre garanti !

Une autre déclaration d’amour dansée, est celle de l’ancienne étoile de l’Opéra de Paris, Marie-Claude Pietragalla, et de Julien Derouault. Les deux danseurs, couple à la ville comme à la scène, s’introduisent main dans la main, en un pas de deux aérien, dans l’univers surréaliste du dramaturge Eugène Ionesco. Une création transgenre et ultra-contemporaine, qui utilise, sans jamais occulter le langage primitif du corps, des procédés d’imagerie 3D pour inviter dans la danse des partenaires virtuels, au sein du songe de Mr et Mme Rêve. Mme Rêve, titre aussi d’un air bien connu qui nous entraîne pour une incursion transfrontalière et exploratoire du côté du cuir et de la voix rauque d’Alain Bashung, dans le sillage d’Hamid Ben Mahi. Le chorégraphe nous emmène avec Apache à la frontière de la danse hip hop et du rock’n’roll.  Une frontière artistique comme les autres… pas si nette.