Sortir : Après cette première réussie, pas trop d'appréhension à l'heure de votre retour sur scène ?
Arthur :
En fait, j'ai présenté ce nouveau spectacle sur Paris de janvier à avril 2010 et là, je pars en tournée pour 2011. Ça fait du bien et c'est une vraie envie de tourner dans toute la France, Paris, c'est pas le centre du monde... Et le but du jeu à Paris ou ailleurs, c'est toujours de donner le meilleur possible pour être à la hauteur des attentes du public. Bon, pour ce qui est du trac, ce mal au bide qui te prend deux heures avant le spectacle, je l'ai toujours, même si ça va mieux qu'au début : entre-temps, j'ai joué plus de 400 fois, donc forcément, ça passe mieux. C'est vraiment l'angoisse de savoir comment les gens vont recevoir le truc... et quand je vois les réactions en général sur leur visage, je me dis qu'ils sont heureux.

Sortir : Et justement, qu'est-ce qui fait votre force sur scène ? On peut parler d'un style Arthur ?
Arthur :
C'est sûr, j'essaye d'affirmer ma propre différence, il y a tellement d'artistes en France pour le one-man-show... mais si je devais parler de spécialité, mon truc à moi, c'est la vanne de situation, qui sent le vécu, issue du quotidien de tout-un-chacun. À chaque fois, je vois les gens dans le public se donner des coups de coude, genre ils se reconnaissent. Et puis ce sont des situations connues qui prêtent à diverses interprétrations : par exemple, lorsque j'aborde le divorce de Tony Parker et ses textos, les femmes diront "oh, le salop" alors que chez les hommes, ce sera plutôt "mais quel con"... Le truc, c'est de relier des situations à notre quotidien, ensuite liées au spectacle. J'essaye également de rebondir sur l'actualité : par exemple si je jouais ce soir, je parlerais de la neige (interview réalisée en pleine tempête de décembre). Et à la fin tout le monde dit la même chose : on s'y retrouve.

Sortir : On parle aussi beaucoup d'autodérision lorsqu'on évoque votre spectacle...
Arthur :
Oui c'est clair : trouvez donc un spectacle où l'artiste se fout autant de sa propre gueule. Le costume ringard, cet aspect plutôt moche, tout ça c'est voulu. Mais c'est surtout un spectacle très très interactif : je passe mon temps à discuter avec le public, à faire monter les gens sur scène, tout ça fait également l'identité de mon spectacle.

Sortir : Et alors pour revenir un peu en arrière, pourquoi ce passage de la télé à la scène ?
Arthur :
J'avais besoin de sortir du carcan de la télévision, où tout est calculé, sécurisé, où il n'y a plus aucune part de surprise : quand une vanne n'est pas drôle, on la coupe au montage, et puis le public rigole tout le temps, on n'a que des fans à la télé ! La scène, c'est l'envie de se faire peur, d'avoir de nouveau mal au ventre. Et puis partir en tournée, en Province, pour moi, c'était changer de vie, découvrir la vie, justement, au-delà du périphérique : aller de ville en ville, d'hôtel en hôtel, où d'ailleurs on est toujours bien accueilli, prendre le petit-déjeuner au troquet du coin... Tout ça m'a rendu plus cool, m'a apporté une certaine sérénité. Et puis je me suis également rendu compte que j'étais populaire : Paris reste snob là où en Province, l'on rencontre des gens vrais.

Sortir : D'ailleurs, vous étiez comédien à la base...
Arthur :
C'est exact, mais la télé m'a rapidement englouti. Je vais pas me plaindre, mais au bout d'un moment, j'éprouve le besoin de revenir à mes premiers amours : c'est la même logique sur Comédie avec le retour de L'émission impossible (l'émission qui l'a lancé il y a 18 ans). Mais la scène pour moi, y'a rien de plus dur : pas de background, on est seul et pendant une heure quarante, faut que ça raye ! D'ailleurs, pour en revenir à mes amours, après ce spectacle, j'aimerais refaire du théâtre...