Jenufa de Janacek

Son lyrisme à fleur de peau s’exprime particulièrement bien dans Jenufa, cette sombre histoire de passion, de rupture, de mort et d’injustice. Son grand art de la dramaturgie qui va chercher au plus profond de l’inconscient collectif est servi par une musique d’inspiration populaire très fortement liée au texte, ce qui a demandé au chœur de l’Opéra de Lille associé pour la circonstance à celui d’Angers Nantes Opéra, un gros travail sur la langue Tchèque allié à beaucoup d’énergie. La force humaine de cette terrible histoire qui montre que la morale associée à la pression sociale peut nous amener jusqu’au crime en croyant faire le bien, est universelle. Le spectateur est immédiatement touché. N’oubliez pas vos mouchoirs…

Considéré comme un génie de l’opéra, Janacek écrit pour l’orchestre une musique difficile et complexe que le chef Mark Shanahan, amoureux de Janacek travaille pour la première fois à l’Opéra de Lille avec l’Orchestre national de Lille.

Si la musique est difficile pour les interprètes, elle ne l’est pas à entendre. La pensée musicale de Janacek passe par la langue qui le passionnait au point de faire du collectage des différents accents tchèques. Ici, pas de vocalises, à chaque syllabe correspond une note. Cette musique audacieuse et jamais académique est au service d’un propos. On n’est pas là pour écouter de la belle musique mais pour écouter la vie. Sans sentimentalisme et dans toute sa violence. La mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser, dans un décor minimaliste, évite le piège du folklore et du réalisme en donnant la priorité aux relations humaines.