On l'a connu footballeur, immense, entraîneur, les pieds dans le sable, le voilà acteur, second rôle aux ordres d'un réalisateur multi-palmé. Au rendez-vous, des badauds, opportunistes ou bien informés, et davantage de photographes qu'à l'accoutumée. Le temps de se faire attendre (et accessoirement de fumer sa clope), Eric Cantona pénètre dans la pièce, bénie à jamais : l'attaquant s'avance, torse bombé et démarche caractéristique, regarde autour de lui, (faussement ?) perdu, serre volontiers les mains qui se tendent. La tournée promo française, c'est pour lui, pour lui seul. En bon capitaine.

« VOUS AVEZ UNE BONNE DEMI-HEURE »

Premières minutes, un classique, parlons de Ken Loach : « quelqu'un qui a de belles convictions, du style dans ce qu'il fait », comme une affinité. Le ton est calme, posé, (faussement ?) timide. Co-producteur du film, l'idée de base (la relation fan/idole), c'est pour lui, du vécu, « mais ça ne suffit pas à faire un film ». Le reste, « Ken a développé la vie de ce fan, tous les gens autour qui le font avancer, pour lui redonner confiance et se reconstruire ».
Le moment de durcir le jeu : pas trop d'appréhension à jouer son propre rôle ? « Ni plus difficile, ni plus simple, quelque chose de très particulier » répond l'acteur, droit dans les yeux : « la grande difficulté, c'est de travailler pour acquérir la confiance, et finalement s'amuser ». Jouer avec son image ? « Être, c'est son image... selon ce qu'on a été dans sa vie, l'image des gens est plus ou moins éloignée ; là, c'est ce que je suis », avec assurance. Et cette (grosse) pointe d'autodérision, déjà perçue à la publicité ? Une recherche permanente « parce que c'est une arme, une gymnastique de l'esprit permettant de relativiser les choses ».

« UNE DERNIÈRE QUESTION »

L'artiste est libéré désormais, l'échange est plus décontracté, souriant, débridé. Et l'Angleterre du film ? « Fidèle à ce que j'ai connu là-bas, notamment au niveau des fans ». En France, ça aurait été comment ? « Différent, mais les sujets abordés sont universels, l'amour, le relationnel, l'adolescence, cette relation fan/idole »... Verdict ? « Ce film, nous, on l'aime comme il est, c'est vraiment un grand film ».
Temps additionnel, il manque quelque chose. On avait dit pas de question sur le foot, mais bon, dans le film, le King adoube une passe (pour un but de Ryan Giggs) comme sommet de carrière, alors... « On peut aimer recevoir, mais aussi le plaisir d'offrir la passe parfaite ; quelque part une forme d'égoïsme car c'est ce qui nous procure le plus de plaisir ». Pas de doute, le King, c'est lui.