Sortir Toulouse Midi-Pyrénées : Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, pouvez-vous nous présenter Pronomade(s) et ses activités ?

Philippe Saunier-Borrell : Pronomade(s) est l'un des neuf centres nationaux des arts de la rue, le seul situé en milieu rural, et non rattaché à un festival. Dès 1999, nous avions fait le pari que les arts de la rue pouvaient vivre sur une saison entière, sans bénéficier de l'effet d'animation et de festivités qu'engendre un festival. Nous avons donc lancé ce projet de saison d'arts de la rue, qui est notre activité la plus connue du grand public.
Parallèlement, en tant que centre national des arts de la rue, nous menons d'autres actions : l'accompagnement de la création (nous venons de réhabiliter les Thermes d'Encausse pour pouvoir y accueillir des compagnies en résidence) ; ou encore la diffusion de cette création.


STMP : Justement, en parlant de diffusion : expliquez-nous cette volonté d'investir jusqu'aux plus petits villages de Haute-Garonne ?

P. S.-B. : C'est simple : nous sommes là où vivent les gens ! Le Pays Comminges-Pyrénées compte tout de même quatre-vingt mille habitants : il est essentiel d'aller à la rencontre de tous. Et les petits villages accueillent extrêmement bien notre action.
Par exemple, il y a quelques années, Le Phun avait installé son projet Les Feuillus à Lourde (ndlr : oui, Lourde sans « s »). Eh bien quand la compagnie n'était pas présente, c'étaient les quatre-vingts habitants du village eux-mêmes qui le narraient aux visiteurs ! Ils s'étaient complètement approprié le projet !


STMP : Comment résumeriez-vous la philosophie de Pronomade(s) et des compagnies et artistes qui collaborent au projet ?

P. S.-B. : Interroger le monde d'aujourd'hui. Partager des utopies individuelles pour peut-être en faire des utopies collectives. Donner sa place à la population dans ce projet culturel de territoire.


STMP : Comment se sent-on à quelques jours de l'ouverture de la saison ?

P. S.-B. : On a hâte ! La première journée est une journée de fête, de retrouvailles : même si on a maintenu le lien pendant les quelques mois de pause, par exemple avec des interventions dans les écoles, on retrouve physiquement les spectateurs. C'est un moment important, beaucoup de plaisir pour tous !
L'autre grand moment important de cette saison sera l'inauguration, le 25 juin, des Thermes d'Encausse : huit spectacles sur la même journée, ça promet !


STMP : Une question très difficile pour terminer... Votre coup de coeur sur la saison ? Et ne répondez pas « tout » !

P. S.-B. : Ah, c'est très difficile ! Les trente-huit compagnies nous touchent toutes, artistiquement. Bon, alors disons La Française de comptage qui présente Une cerise noire, un vrai/faux tournage de cinéma très réussi ; la compagnie belge Marius, avec Tous ceux qui tombent, une pièce radiophonique de Beckett qui se jouera au lever du soleil, à 7h30 du matin ! Et également la compagnie Bal avec Jeanne Mordoj pour Adieu Poupée, à mi-chemin entre le cirque et le théâtre d'objets, le théâtre de corps. Et enfin Camille Boitel avec L'immédiat, spectacle sur la construction et la déconstruction du chaos.

Bonne saison à tous !