Un métier sérieux

Nourri de son expérience, Lilti a largement fait ses armes dans le cinéma dans le sillage d'Hippocrate, plongée dans la formation d'un jeune médecin devenue série. Sans décalquer la méthode au monde enseignant, le cinéaste s'attache plutôt à brosser le portrait d'une mosaïque de personnages tout au long d'une année scolaire. Sauf qu'à ne rien vouloir éluder, le film se disperse entre les sujets et les personnages (lassitude, difficultés pour mobiliser les élèves, vie personnelle...) et leurs problématiques (formations et moyens manquants, relations compliquées avec les élèves ou la hiérarchie...). Si le réalisme est au rendez-vous de ce regard très documenté, il peine à dessiner une trajectoire forte que ne rythment que les péripéties d'une année scolaire (voyage de classe, problème de discipline) et les enjeux propres à chaque professeur (maternité, jeune enfant à la maison, adolescent compliqué, difficulté de logement) sans que rien ne les relie vraiment et surtout sans que le film ne fasse davantage que les survoler. Défendue par une distribution chorale et talentueuse, cette mosaïque de professeurs donne toutefois à voir la diversité et l'engagement et des questionnements du monde enseignant avec acuité mais peine à créer un récit dynamique et unifié, et à se distinguer de nombreux autres films sur l'univers de l'enseignement. En l'état, Lilti, s'il signe un état des lieux pertinent, se contente aussi d'un regard qui, en s'accrochant à son réalisme, tient presque davantage du documentaire lisse que de la fiction accrocheuse.