La bouche pleine de terre
RéserverJulia Vidit a choisi de mettre en scène ce récit de l’auteur serbe Branimir Sćepanović en adoptant un dispositif dual, à l’image d’une forme littéraire très pure. Deux acteurs ; une femme, noire ; un homme, blanc. Et leurs voix pour faire se lever les images de nature, les couleurs et les sensations charriées par cette langue qui semble surgie de temps anciens ; et soupèse dans ses mots les antagonismes tragiques de l’expérience humaine : l’individu et le groupe, le bien et le mal, le désir de vie et la pulsion de mort, la conscience et l’oubli de soi.
Un homme veut mettre fin à ses jours. Il a choisi de disparaître en pleine nature, dans une forêt de son enfance. Sur son chemin, il rencontre deux pêcheurs qui sans savoir pourquoi, commencent à le suivre. Avant de le poursuivre, rejoints par d’autres… Au plateau, ces images de marche et de course sont suggérées par le formidable travail plastique du dessinateur et vidéaste Étienne Guiol qui possède l’art d’imprimer dans l’espace des figures mouvantes et immatérielles, à la lisière du signe et de la figure. D’autres images empruntent à des techniques d’anamorphose pour modifier la perception des corps… Puisant son énergie dans une geste archaïque, le spectacle n’en déploie pas moins ses ramifications dans la technologie, s’appuyant aussi sur la musique et un subtil travail de diffusion sonore des voix. Une expérience de théâtre totale au service d’une profonde et troublante réflexion sur l’humanité.
Autour du spectacle
Bord plateau / à l’issue de la représentation / rencontre avec l’équipe artistique
Publié le 05/12/2019