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classique

La voix humaine / Point d’orgue

La voix humaine / Point d’orgue (2021)
Opéra de Poulenc. Il fallait le génie de Cocteau pour donner corps à ce paradoxe plein de désespoir d’un appareil qui en rapprochant et réunissant les voix éloigne et sépare les êtres. Sur le plateau, donc, une femme, « Elle », seule, et un petit combiné noir, froid et indifférent, instrument aléatoire du bonheur comme du malheur.

Et dans cette conversation tronquée, toute la panoplie des tentatives aussi maladroites que vaines pour faire renaître un amour éteint et toutes les émotions qu’une voix humaine peut exprimer : amour, haine, jalousie, regrets et désespoir absolu de l’abandon. La réussite de Poulenc sera à la hauteur du défi que la pièce originale représentait. Dans une ambiguïté tonale permanente l’orchestre prend en charge avec une éloquence et une imagination prodigieuse le ton comme le contenu de la part inaccessible de la conversation. Mais il se fait surtout écrin pour la voix humaine, tantôt épousant avec ductilité toute sa palette vocale, du récitatif contrasté à l’arioso le plus lyrique, tantôt la laissant flotter nue dans l’immensité du silence où résonne sa solitude d’abandonnée. C’est pour faire pendant à ces quarante minutes de cris et de chuchotements désespérés et amoureux que Thierry Escaich et Olivier Py ont imaginé l’autre côté de l’histoire : « Lui », ses tourments et ses dilemmes, qui le font bourreau mais aussi victime, comme Elle, de la tragique incommunicabilité des êtres.

Publié le 21/01/2021


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